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Le Heads-Up

Le duel en tête à tête (ou heads-up) est une partie de poker qui n’oppose que deux joueurs.

Trois possibilités pour jouer en heads-up :

  • En cash-game : des tables sont spécifiquement consacrées au heads-up.
  • Des sit and go heads-up.
  • Toutes les situations de tournois ou de sit and go quand vous atteignez le face-à-face final.

Jouer en face à face au poker implique une dynamique tellement différente du full ring (table pleine) ou du short-handed que ce format constitue presque une discipline à part entière.

Il faut du temps et de la pratique pour maitriser le heads-up car l’agressivité requise, à commencer par la sélection des mains de départ, va à l’encontre des réflexes acquis en tables normales.

Soyez bien conscient qu’en duel, un jeu trop serré pré-flop vous sera préjudiciable et qu’il faut oublier les ranges préconisées en full ring et en short-handed. Aucune des deux n’est opérante en situation de face à face.

Votre éventail de mains de départ va considérablement changer en heads-up et vous faire jouer des cartes que vous auriez jetées sans aucun problème dans d’autres circonstances. En effet, face à un seul adversaire, le critère des mains de départ est un élément moins important dans vos prises de décisions.

En table pleine, la rigueur et la discipline sont indispensables dans la sélection de vos mains et d’autres éléments doivent se combiner à la force brute de vos cartes en short-handed. En heads-up, il faut vous montrer encore plus fléxible et privilégier l’adaptation au style de jeu adverse: la valeur de vos cartes devient secondaire.

L’aspect statistique est moins présent. Concentrez-vous surtout sur l’observation des actions de votre adversaire (il en fait de même avec les vôtres !) pour ajuster votre agressivité et votre fréquence de relances ou de calls. Chaque main est jouée face au même joueur et va donc permettre de capter et donner des informations.

Dans l’art particulier du heads-up, l’adaptation est plus importante que les mains de départ.

Deux raisons majeures expliquent cette nouvelle approche :

  • Face à un seul adversaire, chaque main prend de la valeur et les probabilités d’être dominé sont largement réduites.
  • Vous payez une blinde à chaque tour. Vous ne pouvez pas vous permettre d’attendre les meilleures mains, vous êtes donc dans l’obligation de jouer des mains moyennes voire faibles.

L’agressivité pré-flop et le bluff post-flop sont indispensables pour remporter un duel, vous devez être capable de mettre la pression sur votre adversaire sans compter uniquement sur la force brute des cartes que vous recevez.

Cet article va vous aider à choisir correctement vos mains de départ en fonction de votre position.
Comme la taille des tapis est aussi à prendre en compte, une introduction à la méthode S.A.G.E vous sera proposée pour faciliter vos décisions lorsque votre tapis est faible.

 

La sélection des mains de départ ne fait pas que s’élargir en heads-up, leur structure même s’en trouve modifiée. Par exemple, les figures assorties telle que QJs ne sont plus jouées seulement en tant que mains à potentiel permettant de compléter une couleur ou une suite mais aussi, et surtout pour leur hauteur (celle-ci devient primordiale en face-à-face).

Autre exemple de nouvelle structuration des mains, les kickers (carte accompagnant une hauteur), ont une importance bien moindre en heads-up.

Un seul adversaire vous fait face, votre exigence concernant la force de votre main doit donc se réduire. Le concept de main médiane illustre bien cette adaptation en heads-up : Q7 dépareillé est la médiane de toutes les mains de départ classées par ordre de puissance pré-flop. Si vous détenez cette main apparemment marginale, gardez à l’esprit que vous avez 50% de chance d’être devant votre adversaire.

A- Les paires

Elles forment en elle-même un jeu qui peut gagner sans amélioration. Les grosses paires sont
évidemment plus puissantes que les petites mais en heads-up, n’importe quelle paire voit sa valeur largement augmentée !

Elles doivent être systématiquement relancées pré-flop au bouton et ne pas être couchées en grosse blinde face à une relance adverse. La probabilité que votre adversaire détienne une paire supérieure est extrêmement faible. N’hésiter pas à jouer l’intégralité de votre tapis pré-flop si vous possédez moins de 20 grosses blindes.

B- Les mains comportant un As

Ces mains de départ, à la différence des paires, doivent normalement s’améliorer avec le tableau.
Cependant, contre seulement 1 adversaire, Ax est une main intéressante car il est très fréquent que le coup se gagne à l’abattage avec une hauteur. Jouez les mains avec un as de manière très agressive.

C- Les figures (ou broadways)

En heads-up, des mains comme KQ, KJ, QJ, Q10, J10, quelles soient assorties ou non sont intéressantes avant tout pour leur hauteur, c’est pour cela qu’elles doivent être relancées.

Les quintes ou couleurs possibles sont secondaires car trouver une paire sur le flop avec ce type de
main constitue déjà une combinaison très puissante en situation de duel. Jouez toutes ces mains, pour leur hauteur et pour leur potentiel de connexion au flop.

D- Les connecteurs

A l’inverse des paires, d’Ax ou Kx, la valeur des connecteurs ou connecteurs assortis est dépréciée en situation de duel. En effet, ces mains à potentiel ont besoin d’être améliorées ; or face à un seul adversaire les côtes sont moins favorables pour suivre et compléter des combinaisons Les connecteurs sont donc à jouer plus prudemment et de préférence en position. Dans la mesure du possible, ne faites pas gonfler le pot pré-flop avec ce type de mains.

E- Toutes les autres cartes

Toutes les autres possibilités produisent des mains très faibles, qui seront, à priori, difficiles à jouer.
Cependant des mains avec une belle hauteur, même mal accompagnée, comme par exemple K4, pourront être jouées comme nous le montrerons dans le tableau des mains de départ.

Par ailleurs, souvenez-vous que l’adaptation à l’adversaire prime sur votre main de départ : S’il jette systématiquement sa grosse blinde, pourquoi ne pas relancer 100% de vos mains au bouton ?

 

De même qu’en short-handed ou en full ring, avoir la position en heads-up constitue un avantage
déterminant, une arme redoutable. Le fait d’être au bouton (petite blinde) ou en grosse blinde modifie considérablement votre sélection de mains de départ et votre manière d’aborder le coup.

Le Heads-up présente une particulière positionnelle qui change la gestion du jeu. Le joueur en petite blinde parle en premier pré-flop mais devient second de parole post-flop. L’ordre de parole s’inverse donc une fois les trois cartes dévoilées. Cela offre des options tactiques nouvelles, notamment pour le joueur de grosse blinde qui a la possibilité de prendre l’initiative post-flop, même après avoir subi une relance pré-flop.

Le bouton est le premier à parler pré-flop mais profite de la position post-flop. Autrement dit, il permet de représenter de la force dès le premier tour d’enchère puis continuer l’agression en dernier de parole au flop, à la turn et à la river : vous conservez la position tout le long du coup.

Cet avantage influe naturellement sur votre range d’ouverture, celle-ci sera bien plus large que votre range de défense (grosse blinde). Certains joueurs n’hésitent d’ailleurs pas à relancer 100% de leurs mains au bouton ! Nous préconisons plus de sagesse en proposant une range de relance avoisinant les 70% de vos mains. Cette sélection comprend toutes les paires, tous les as, les figures, la plupart des connecteurs ou encore les rois et dames avec un kicker assortis (voir tableau sur la range d’ouverture).

Soyez agressifs au bouton, entrez dans les coups que vous décidez de jouer en relançant
systématiquement.

En position de grosse blinde, votre stratégie sera plus conservatrice, votre range va donc se resserrée. Selon l’agressivité de votre adversaire, votre tapis et votre propre style de jeu, le pourcentage de call en position de grosse blinde va osciller entre 20 et 35% des mains environ. Des mains très intéressantes à jouer au bouton sont tout simplement impayables, car trop difficiles à jouer, hors de position. C’est par exemple le cas des petits connecteurs et des rois ou dames mal accompagnés. Soyez très disciplinés dans votre range de défense pour ne pas vous mettre en difficulté post-flop.

Pendant un heads-up, vous allez certainement devoir adapter votre stratégie en fonction de la manière de jouer de votre adversaire. Voici les ajustements nécessaires pour les deux positions :

Au bouton : Face à un adversaire plutôt serré, élargissez votre range de relance. Face à un adversaire plutôt large, resserrez votre range de relance.

 

Les paires absolument toutes
Les mains comportant un As absolument toutes
Les figures KQs, KJs, QJs, Kqo, Kjo, QJo
Les connecteurs JTs, JTo, QTs, QTo, J9s, J9o, 109s, T9o, T8s, T8o, 97s, 97o, 98s, 98o, 86s, 86o, 87s, 87o,
76s
autres KTs, KTo, K9s, K9o, K8s, K8o, K7s, K7o, K6s, K5s, K4s, K3s, K2s Q9s, Q9o, Q8s, Q8o, Q7s,
Q6s, Q5s, Q4s, Q3s, Q2s, J8s, J7s, J6s, J5s, T7s

 

En grosse blinde : Face à un adversaire plutôt serré, resserrez votre range de défense. Face à un
adversaire plutôt large, élargissez votre range de défense.

Pensez à sur-relancer avec AA, KK, QQ, JJ et AKs, quelle que soit la taille de votre tapis.

Les paires absolument toutes
Les mains comportant un As absolument toutes
Les figures KQs, KJs, Kqo, Kjo
Les connecteurs JTs, JTo, QTs, QTo, J9s,T9s, T9o, T8s, 98s, 87s, 76s
autres KTs, KTo, K9s, K9o, K8s K7s Q9s,Q8s, Q7s, Q6s,

 

Voici, en résumé ce qu’il faut retenir sur l’importance de la position en face à face : Le bouton implique un jeu d’attaque et d’agression, la grosse blinde vous oblige à être plus prudent et défensif.

Voici un moyen très efficace de prendre les meilleures décisions possibles lorsque vous vous retrouvez avec un tapis très faible en heads-up.

A moins de 10 grosses blindes environ, votre tapis n’a pas la profondeur nécessaire pour jouer
autrement qu’en mode push or fold, c'est-à-dire faire tapis pré-flop ou vous coucher. Lorsque ces deux seules options s’offrent à vous, la méthode S.A.G.E vous permet de déterminer précisément les mains avec lesquelles vous devez relancer à tapis (push) et celles avec lesquelles vous devez payer une relance à tapis adverse (call).

Le SAGE (sit and go endgame) repose sur une formule mathématique relativement simple, un système mémotechnique qui permet de calculer les mains de push et de call en associant la valeur intrinsèque et la probabilité de distribution.

Il s’agit dans un premier temps de calculer votre ratio : Le rapport entre votre tapis et le montant de la grosse blinde (auquel il faudra ajouter les antes le cas échéant).

Ex : votre tapis est de 10000, la grosse blinde est de 2000. Votre ratio est alors de 10000 : 2000 = 5.

Vous pouvez alors utiliser la méthode SAGE puisque celle-ci ne s’applique qu’aux ratios égaux ou
inférieurs à 7.

Il vous faut ensuite déterminer la force de votre main. Celle-ci doit être égale ou supérieure au chiffre indiqué dans le tableau SAGE, pour le ratio correspondant.

  • Les cartes en dessous de 10 prennent la valeur de la hauteur.
  • Les figures suivent le même principe : J=11, Q=12 et K=13. Attention, l’as est compté 15.
  • La valeur de la carte la plus haute est multipliée par 2.
  • Pour les paires servies, il faut ajouter 22 à la valeur totale
  • Pour les cartes connectées et assorties, il faut ajouter 2

Ex : Vous avez 10 9 de coeur en main. La force de votre main est alors de (10x2)+9+2= 31.

Il ne vous reste plus qu’à comparer la force de votre main (31) à votre ratio (5) dans le tableau SAGE. Nous constatons ici que cette main est tout à fait propice pour relancer à tapis et pour payer un tapis.

Ratio Push Call
1 17 0
2 21 17
3 22 24
4 23 26
5 24 28
6 25 29
7 26 30

Il s’agit d’une technique infaillible pour optimiser vos décisions mais qui, bien évidemment, ne peut vous mettre à l’abri des mauvais coups (bad beat) ou mauvaises rencontres !

Au poker, seule la victoire est belle et empêche toute frustration alors concentrez-vous pour finir correctement le travail ! Le duel final est fondamental car la différence de gains entre le premier et le second est généralement énorme, une défaite en heads-up est très préjudiciable. Considérez alors qu’une nouvelle partie commence lorsque vous n’êtes plus que 2 dans le tête à tête final.

Vous pouvez vous entrainer en jouant des sit and go heads-up ou en vous asseyant à des tables de cash-game à deux joueurs. C’est un excellent moyen de vous perfectionner pour remporter des futurs tournois.

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